au fil de la plume

Je rève, je rève que je suis toute ton attention.

Ce soir je marche, encore je marche
ma longue robe touche le sol,
j'ai froid, comme à mon habitude,
je cherche ce pont, une image qui reste gravée dans ma tête,
je sais qu'il existe, il sera mon refuge, en cette nuit d'automne.
Déroutée, j'avance sans penser, j'avance et les larmes me suivent.
Trop de déceptions au final, une vie trop mouvementée,
je suis passée à côté de l'essentiel, je le sais.
Mais inutile de ressasser les souvenir, on ne peut changer le passé.

Je cours désormais, le pont m'apelle, comme une addiction au vide,
le vide qui ne comble rien, un putain de vide que je déteste , en vrai
mais dont je ne me lasse pas.
Un visage d'ange, un corps de rève, une vie de merde
Encore une fois je réalise que la beauté n'est rien ,qu'un vide de plus.
Tant de fois j'ai cru trouver la clé, il faut m'y résoudre, je ne suis pas faite pour la vie.

Je pense, je pense trop, j'en oublie ma course effrénée.
Je me rapproche du pont, je reconnais l'endroit, mon rythme s'accélère,
Seule dans une nuit profonde, personne ne me fera chier cette fois,
je ne pense qu'à avancer, c'est fou comme la liberté me prend toute entière.
Comme la société paraît moins lourde, comme je me sens soulagée de savoir où je vais.
Là où je vais.

Stop. Le pont me fait face, vieil ami de ma solitude, refuge de mon mal-être,
Je me range à tes côtés en cette nuit d'automne.
Je touche enfin ta matière, je reconnais ce fleuve que tu surplombe.
Et pour la première fois la vision est réelle.
Un moment pour souffler, parce que je sais que la réflexion sera intense.
Je laisse mon corps épouser le sol, même le sol me paraît accueillant en cet endroit.
Les étoiles sont toujours les mêmes, qui ne prédisent rien, qui, arrogantes, me laissent seule dans mon questionnement.
Il est vrai que c'est dommage, de revenir au point de départ.
Comme une deception, mais bon je n'ai jamais cru en moi.
Et je me repasse ma petite existence ne boucle, en cette nuit d'automne.
Une pensée pour toi, mon amour. Toi que j'aimerai toujours, malgré tout.
Une putain de bonté qui m'a causé tant de tort, pourquoi me suis-je attachée à la revendiquer ?

Mon corps se lève de son propre gré, c'est le milieu du pont qu'il cherche,
rapidement il le trouve, et s'y blotit, face à l'immensité, celle de Paris, mon autre amour.
Le vent me porte, si bien que la tâche sera facile, en cette nuit d'automne.
Mes larmes n'ont pas cessé de couler, je suis humaine, je sais.
C'est dur, de quitter une vie qui m'avait pourtant tout donné,
Presque tout, a vrai dire. C'est le presque qui nuance,
C'est le presque qui a toujours tout foiré.

Mais c'est fini, maintenant, c'est fini, mon amour, mes amours.
Je vous laisse pour de bon, ne vous en faites pas, je ne vous manquerai pas,
Je ne prenais pas tant de place, au fond. On me remplacera vite.

Dernière image, toi qui cours derrière moi. Celle là est une vision.
Dis moi, est-ce que tu cours ?
Est-ce que pour une fois tu cours, pour moi ?
Je partirai sans savoir, ca aurait tout changé pourtant.

Adieu, adieu oui je sais, vous ne pouvez pas comprendre.